Le marché du logement et du neuf en crise
Les acteurs du monde immobilier se font entendre dans les médias depuis quelques jours. Ils souhaitent alerter les pouvoirs publics sur la crise du logement en France. Loin d’être nouvelle, cette crise s’amplifie en raison de multiples éléments : inflation, chute des constructions, marché de la location grippé, baisse de la production de crédit immobilier, etc. Face à une catastrophe annoncée, les personnalités tirent la sonnette d’alarme. Pourquoi une telle panique ? Plusieurs éléments de réponse vous aident à comprendre la crise du logement.
La crise du logement dans l’immobilier neuf s’amplifie
Dans l’immobilier neuf, les promoteurs subissent une baisse drastique des ventes de près de 25 % en 2022. Les chiffres du 1er trimestre 2023 font état de 30 à 50 % de baisse des réservations.
Le nombre de permis de construire à chuté de 11,5 % en un an, avec 441 400 permis, d’après le ministère de la Transition écologique. Les mises en chantier sont en recul de plus de 8 % sur un an.
Les objectifs de développement durable et le besoin de logements ont du mal à trouver un terrain d’entente. L’objectif zéro artificialisation nette des sols décourage la construction de maisons individuelles. Celle-ci subit une baisse de 31 % sur un an.
Les raisons sont connues : la guerre en Ukraine a entraîné une hausse des coûts de construction. Certains chantiers commencés sont gelés ou abandonnés, faute de rentabilité. Ajoutons à cela l’inflation et la baisse du nombre de crédits immobiliers…
Vers une catastrophe annoncée ?
Au-delà du neuf, la crise se propage au marché de la location. Véronique Bédague, présidente de Nexity et coanimatrice du Conseil national de la refondation (CNR) évoque des indicateurs alarmants :
- 100 000 personnes mal logées de plus,
- 10 % de personnes de plus à la rue,
- 100 000 demandeurs de logement social en plus l’année dernière.
Le marché immobilier dans l’ancien ne va guère mieux. La hausse des taux d’intérêt et l’inflation diminuent le pouvoir d’achat des acquéreurs. En parallèle, le durcissement des conditions d’octroi de crédit immobilier écarte de nombreux emprunteurs, aux profils stables.
Résultat : une chute de production des crédits immobiliers et une baisse des prix immobiliers dans certaines villes.
La crise du logement a également des conséquences sur le marché de l’emploi, avec plus de 100 000 emplois menacés d’ici 2024 selon la FFB (fédération française du Bâtiment).
Quelles solutions à la crise du logement ?
Via le CNR, le gouvernement mène des consultations et devrait annoncer des mesures la semaine prochaine. La Première ministre a déjà annoncé un prolongement du prêt à taux zéro (PTZ) au-delà de 2023. Les modalités devraient évoluer pour verdir le PTZ. Autre point annoncé : la relance des chantiers stoppés avec l’aide de la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
Les acteurs de l’immobilier plaident pour des mesures urgentes et plus importantes. Sont ainsi évoquées :
- la création d’un statut de bailleur privé, permettant de louer sous le prix du marché mais d’amortir l’achat et les travaux.
- la mise en cohérence de la réglementation avec la réalité, notamment concernant la fiabilité des DPE (diagnostics de performance énergétique).
Des mesures sans doute encore insuffisantes pour sortir de la crise structurelle du logement en France.